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UTILITÉ DE LA POÉSIE


Il est bien convenu que le siècle n’est pas poétique, que les vers ne se vendent pas, et qu’il faut être enragé ou provincial pour en faire. Tout article sur un volume de poésie doit forcément commencer par des doléances ou des lamentations. Les critiques d’ailleurs n’aiment guère les poètes, et ils aiment encore moins les vers. Il est fort commode, en effet, de déprécier une chose que l’on ne comprend pas, cela vous pose sur un pied respectable et donne une haute idée de votre mérite ; car quelques personnes ont encore la bonhomie de croire à ces grands airs et de s’y laisser tromper, et peu de gens songent à prier ces renards du feuilleton de se retourner et de faire voir leur queue. L’objection que les vers ne se vendent pas me paraît tout à fait sans importance