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M. ANTONIN MOINE.

comme celle de conserver les anciens talents, d’appeler les nouveaux, d’apprécier, de peser un si grand nombre d’hommes remarquables par tant de titres, les personnes appelées à remplir cette mission y ont apporté généralement beaucoup de mesure, de justice, de tact.

Dans la sculpture, depuis 1830, nous avons vu le gouvernement distinguer particulièrement deux jeunes artistes dont le talent fait concevoir les plus justes espérances. Antonin Moine et Barye se recommandent à l’attention publique par des qualités éminentes, mais bien distinctes les unes des autres. Le premier exprime, d’une façon merveilleuse et exquise, tout ce qu’il y a de grâce, de noblesse, de pureté, de mouvement dans son art ; le second est recommandable par l’esprit et la finesse qui animent ses œuvres, par l’adresse déployée dans leur exécution.

Nous analyserons bientôt les productions de M.  Barye[1]. Pour aujourd’hui, nous ne nous occuperons que de M.  Moine.

Ce n’est pas sans intention que nous avons nommé M.  Antonin Moine le premier, car il possède des qualités qui lui assurent une supériorité incontestable sur les sculpteurs de la nouvelle école. Pour être un artiste remarquable, il ne suffit pas de compren-

  1. Cette promesse ne fut pas tenue ; aucun article sur les œuvres de Barye ne se trouve dans la Charte de 1830.