On ne sait. Les Infants de Lara, Glenarvon, le Cœur
et la Dot, les Mères repenties, les Sceptiques, les
Mémoires de Don Juan, témoignent d’une pensée
élevée, forte et poétique, que trahit parfois une
exécution rebelle, mais la volonté du beau et du
bien est partout. Le travail opiniâtre avec son huile
et sa lime sont trop apparents à de certains endroits,
mais les morceaux venus à bien ont l’éclat, la solidité et la trempe de l’acier. On peut aller au combat
de l’idée avec ces bonnes lames de Tolède, brillantes, bien à la main, qui ont le fil et l’étincelle,
et sont en même temps des joyaux et des armes.
Mallefille avait guerroyé dans cette grande armée
romantique de 1830, dont les rangs, hélas ! s’éclaircissent de jour en jour. S’il n’a pas commandé en
chef, c’était un officier brillant et hardi ; il a tenu
haut son enseigne pendant la bataille, et, le combat
fini, il ne l’a pas abaissée. Quel que soit le talent
qu’il ait montré, l’impression qui reste de Félicien
Mallefille, c’est qu’il était plus grand que son
œuvre.
- (Moniteur, 30 novembre 1868.)