Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/261

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onduler, sous des néréides d’argent aux cheveux d’or vert, des flots de nacre, de burgau, de perles et de corail ; sous les pieds des nymphes terrestres, il a mis un sol de diamants, de topazes et de pierres fines ; aux pampres de métal il a mêlé des vendangeurs d’ivoire, enchâssés dans des tabatières des miniatures de moissonneurs, et fait de sa boutique un antre étincelant comme la caverne d’Aladin, le trésor du calife Haroun-al-Raschid, le puits d’Aboul-Casem ou la voûte verte de Dresde. — Le bouquet de diamants et de briolettes que Cardillac reprit tout sanglant à la pointe du poignard. Froment Meurice l’a serti de nouveau aussi brillant, aussi léger, aussi phosphorescent de bluettes fascinatrices, et, moins cruel que le féroce orfèvre du temps de Louis XIV, il n’en a pas assassiné l’heureux possesseur.

L’orfèvre ne travaille que pour les empereurs, les papes, les rois, les princes et les heureux de la terre ; pourtant Froment Meurice, qui comptait dans sa clientèle Pie IX, l’empereur Nicolas, la reine Marie-Amélie, la reine Victoria, la duchesse de Parme, la duchesse d’Orléans, le duc de Montpensier, le comte de Paris, l’empereur Napoléon III, le prince Napoléon, le prince Demidoff, le duc de Luynes, le duc de Noailles, M. de Rothschild, M. Véron, mademoiselle Rachel, pensait à mettre l’art charmant de la bijouterie à la portée de toutes les femmes. Il voulait que chaque belle, sans être riche et sans se vendre, pût avoir des boucles d’oreilles, une broche, un bracelet d’un goût exquis, où la forme valût