Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/265

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les équipements militaires. En 1812, la conscription le prit et il servit quelque temps dans la brigade du génie topographique. On conserve même de lui quelques plans en relief qui remontent à cette époque. Après 1814, il continua son travail de ciseleur mais même temps il dessinait, il modelait, il étudiait ; il avait pour maîtres Bosio et Gros, car Barye est un de ces talents perplexes qui ne se bornent pas à une des formes de l’art ; il manie comme l’ébauchoir du statuaire le pinceau du peintre ; et nous avons vu de lui des aquarelles d’un style et d’une fermeté admirables. Il se préparait ainsi à l’admission au grand concours de l’École des beaux-arts pour la gravure et la statuaire. D’après le talent qu’il a déployé depuis dans cette lutte, et que personne ne conteste, on pourrait croire qu’il triompha aisément ; mais, ou ce talent n’était encore qu’en germe, ou les juges ne surent pas le découvrir chez le jeune artiste : il n’obtint qu’une mention honorable pour la gravure et que deux seconds prix de sculpture. Il ne poussa pas plus loin ces essais infructueux et il se remit, loin de l’école, à suivre sa propre inspiration. Cet insuccès fut peut-être un bonheur pour son originalité. La nécessité de vivre lui fit accepter des travaux d’industrie où il apporta une manière nouvelle qui en faisait des objets d’art. Il devint bientôt d’une habileté sans rivale dans les bronzes, dont il inventait les modèles, et qu’il exécutait à cire perdue d’après les procédés des anciens Florentins. Aucun détail de mélange, de fonte, de ciselure, de patine