Nous ne pouvons suivre, composition par composition, dans ces quelques pages, la carrière musicale de Berlioz. Il aborda le théâtre et donna Benvenuto Cellini à l’Opéra. Le livret était d’Émile Deschamps et d’Auguste Barbier. Madame Stoltz remplissait le rôle d’Ascanio. La musique, du plus délicat travail, abondait en choses charmantes, en motifs pleins d’originalité ; mais il était décidé que Berlioz manquait de mélodie, et, malgré le délicieux air de la Mélancolie, si bien chanlé par madame Stoltz, le beau chant des ciseleurs :
Les métaux, ces fleurs souterraines
Qui ne s’ouvrent qu’au front des reines,
Des papes et des empereurs ;
le suave et le large andante de Cellini :
Sur les monts les plus sauvages,
Que ne suis-je un simple pasteur ?
la chanson d’une grâce si plaintive :
Heureux les matelots !
Ils s’en vont sur les flots ;
malgré le joyeux tumulte du carnaval qui travers
sait la pièce, l’opéra de Berlioz n’eut que trois ou
quatre représentations. Lorsqu’on reprend tant d’œuvres insignifiantes, démodées et d’une désespérante
banalité de facture, on ferait bien mieux de remettre à la scène cette œuvre hardie, originale, pleine
d’innovations, qu’on accepterait aisément aujour-