— « L’enfant est innocente, dit-il.
— Innocente ! »
Mais le baron dont le visage s’était empourpré se calma tout d’un coup.
— « Il ne s’agit pas de cela. Mlle de Kerdréol est mineure et je désire qu’elle entre au couvent. La fortune de sa mère était importante ; moi-même je ne suis pas pauvre et je ne peux la déshériter, elle sera donc fort riche un jour ; vous avez tout un an pour acquérir ces biens à l’Église. »
L’abbé fut ébloui.
— « Mais, dit-il, nous vivons, malheureusement, à une époque où la contrainte est dangereuse.
— Il vous reste la persuasion.
— Si la vocation n’y est pas.
— Faites-la naître. »
L’abbé Jouan en référa à ses supérieurs, qui lui ordonnèrent d’être, à la fois, prudent et habile.
Au couvent, durant les premiers jours, Isoline eut des accès de fureur qui firent craindre pour sa raison ; elle ne mangeait pas, et la nuit il fallait la garder à vue.
Les consolations doucereuses des bonnes sœurs finirent par l’apaiser, et elle qui ne connaissait pas