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ISOLINE


VIII


Quelques moments après la visite de Gilbert Hamon, un prêtre avait été mandé auprès du baron. Ce fut l’abbé Jouan qui vint. Les deux hommes eurent ensemble une longue conférence, et le soir même Isoline, à l’aide d’une ruse, fut éloignée du château.

L’idée que celle qu’il détestait allait lui échapper et pourrait vivre heureuse avait mis le baron hors de lui. Il n’avait pas prévu ce fait si vulgaire d’un amant qui viendrait la lui disputer. Absorbé dans son chagrin, il avait oublié bien des défenses, des grilles, des verrous ; c’était miracle qu’elle ne se fût pas enfuie avec cet imbécile d’honnête homme.

— « Le bonheur pour elle, ce serait trop fort, disait-il à l’abbé attentif, il faut qu’elle expie.

— Quel est son crime ?

— Son crime ! dit le vieillard en pâlissant. Armel est morte : sa mère, elle l’a tuée en naissant. »

Le prêtre tendait le cou, avide de ce secret qui, comme beaucoup d’autres, l’avait toujours intrigué.