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ISOLINE

il était bien décidé à donner sa démission, à briser sa carrière plutôt que de s’éloigner sans avoir revu celle qu’il considérait en dépit de tout comme sa fiancée, sans avoir au moins échangé avec elle une promesse et une espérance.

Il sortit une nuit dans la ville déserte et gagna la rue des Halles.

Le couvent, de ce côté, est enclavé entre les maisons voisines dont rien ne le distingue qu’une croix sculptée dans la muraille, au-dessus de la porte, et des barreaux aux fenêtres. Il jugea le lieu imprenable sur ce point et chercha à se rendre compte de la disposition intérieure, de l’étendue des jardins qui, sans nul doute, attenaient au couvent. Il contourna le pâté de maisons et prit la rue gothique du Jerzual, qu’un récent orage changeait en rivière : là seulement apparaissaient des arbres dépassant une haute muraille.

— « Voyons toujours ! » se dit-il.

Quelques crevasses, des mousses robustes, la moindre saillie, lui servirent de point d’appui. La lune, éclairant à demi entre les nuages, lui permit d’éviter les verres cassés qui hérissaient la crête du mur.