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ISOLINE

avenir de marin, fut mordu au cœur par cette perfide interprétation de sa conduite. Bien qu’il n’eût jamais été effleuré par la pensée cupide qu’on lui prêtait, il sentait qu’il était immobilisé, cette pensée une fois exprimée ; et c’est bien là ce que voulaient ses adversaires inconnus.

Il était bien décidé cependant à faire l’impossible pour reconquérir la jeune fille, à repousser toute fausse honte. Elle l’aimait : est-ce que tous les préjugés des hommes ne tombaient pas devant cette certitude ?

À quelques mots de Sylvie, toujours à l’affût des moindres bruits de la ville, il comprit qu’Isoline était à Dinan dans un couvent, et très probablement chez les sœurs Ursulines de la rue des Halles. Dès qu’il put marcher sans trop de vertige, il résolut de tenter quelque chose, de voir à tout prix la recluse ; les murailles et les grilles n’étaient rien pour lui ; s’il pouvait apercevoir Isoline, échanger un signe avec elle, rien de plus aisé que de la rejoindre.

Son congé touchait à sa fin. L’ordre de départ lui était arrivé déjà et on lui mandait que son bâtiment viendrait dans les eaux de Saint-Malo. Mais