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ISOLINE

cachait un rude marin ! regardez : le voici ! »

Et Gilbert, hébété de joie, l’admirait dans son costume d’homme qui la rendait plus petite et plus jeune.

— « Vous avez coupé vos beaux cheveux ?

— Marie les garde en souvenir.

— Si je rêve en ce moment, je ne m’éveillerai que pour mourir.

— Partons, partons, commandant, si tout est paré, s’écria Damont : le voisinage de la terre n’a rien de sûr.

— Oui ! oui, l’eau et le ciel pour nous ! »

Et Gilbert s’élança sur le pont, où il cria les ordres d’une voix formidable :

« Levez l’ancre, prenez la mer, toute la vapeur, toutes les voiles ! »

Électrisés par la voix surprenante de l’officier, les marins se précipitèrent : des cris, des bruits de chaînes, des grincements, le claquement de la toile dans le vent, puis les geignements de l’effort sur les cordes tirées, un sifflement strident et la frégate se mit en mouvement, quitta la rade.

Bientôt le jour naissant courut à la crête des lames et découpa en noir les côtes rocheuses. Un