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TROP TARD

un bout de ruban, une épingle à cheveux ; mais tout était parfaitement vide.

Dans le cabinet de toilette, le parfum s’était mieux conservé et je le respirai avec délices : c’était quelque chose de chaud et de doux, un mélange d’iris et de verveine, qui éveillait en moi comme le souvenir d’une vie meilleure. Je plongeai longtemps mon regard dans le grand miroir de Venise posé sur la toilette. Ah ! pourquoi avait-il laissé fuir la chère image qu’il avait possédée ?

Je revins dans la chambre. Sur une petite table-bureau était posé un portefeuille de maroquin bleu, marqué au chiffre de ma mère. Je l’ouvris sans rien y trouver, mais le papier buvard avait gardé l’empreinte de quelques lignes, l’écriture était carrée, bizarre. Je courus à une glace pour essayer de lire dans le reflet, je ne pus y parvenir. Pourtant, à force de regarder, je découvris que les caractères étaient différents des nôtres : ce n’était pas du français, c’était du russe !

Je ne me trompais donc pas en la cherchant dans les pays de neige !

Une fourrure noire servait de descente de lit.