Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
TROP TARD

que partout ailleurs, elle me semblait avoir retrouvé son véritable cadre.

— « Elle est venue ici, c’est certain, me dis-je avec un sourd battement de cœur ; cette fois je ne me trompe pas. »

Mon amour, qui vivait de si peu, se jeta avidement sur cette pâture nouvelle. Je recherchai du haut en bas de la maison cette illusion qui me charmait ; je furetais continuellement, guettant quelque indice, quelque vestige.

Une chambre surtout m’attirait invinciblement. C’était une des plus belles de la maison, elle était située à l’un des angles du château, en face de celle de ma mère qui occupait l’autre angle ; un cabinet de toilette était pris dans la tourelle. La première fois que j’entrai dans cette chambre, le parfum presque imperceptible qui flottait dans son atmosphère me fît courir un frisson dans les veines.

— « C’est sa chambre ! » m’écriai-je en demeurant pâle et tremblant sur le seuil.

Tu devines avec quelle ardeur je visitai les moindres coins : tous les tiroirs furent tirés, tous les meubles ouverts. J’espérais trouver un rien oublié,