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DES ROSEAUX EN FLEUR.

— « C’est donc moi qui dois commencer les confidences, reprit Boïtoro, que le trouble de son ami ne surprit pas.

— Quelles confidences ? murmura Mïodjin.

— À quoi bon nous taire plus longtemps ? dit Boïtoro. Depuis un an notre secret n’est pas sorti de nos deux cœurs, mais malgré nous nos cœurs s’entendaient : nos actes parlaient à défaut de nos lèvres et nous suivions d’un commun accord le même chemin sans nous être dit vers quel but nous marchions, et, voyons, en ce moment même, pourquoi cette barque nous conduit-elle hors de la ville ?

— Parce que c’est aujourd’hui le sixième jour du mois, le jour de la fête des bannières, et que nous fuyons la ville pour éviter la foule tumultueuse qui l’encombre, dit Mïodjin en souriant.

— Où allons-nous ?

— À l’auberge des Roseaux en fleur, là où l’on trouve des retraites paisibles et de charmants paysages.

— C’est cela seulement que tu espères trouver ? dit Boïtoro, d’un air incrédule. Tu ne comptes pas voir débarquer, comme l’an passé, à la porte d’eau de l’auberge, deux belles jeunes filles accompagnées