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L’AUBERGE

Un large bateau s’avançait, en effet, au tournant de l’O-gava, et l’on entendait comme un bourdonnement de musique. Les deux amis se penchèrent vers l’eau et s’efforcèrent de distinguer les personnes qui montaient la barque. On n’apercevait encore qu’une masse brillante dont les vives couleurs se reflétaient, en ondoyant, dans le fleuve. On ne voyait nettement que les bateliers, debout à l’avant, et dont les silhouettes se profilaient sur le ciel ; mais bientôt on distingua les banderoles flottantes dont l’embarcation était pavoisée, les parasols roses, en papier de fibres de bambous, et les belles toilettes des femmes assises à l’arrière.

Les rayons du soleil jouaient sur le groupe, arrachant par-ci par-là un scintillement, et faisant danser mille étincelles sur l’eau remuée par les rames. Tout à coup Mïodjin s’écria :

— « Ce sont elles !

— Oui ! oui ! dit Boïtoro qui s’abritait du soleil avec son éventail, Yamata est adossée à la cloison de la cabine. »

La barque glissa bientôt devant le Pavillon des Mille Clochettes. Deux jeunes filles, et une femme d’un âge mûr, étaient assises à l’arrière entourées