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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

bourgade. J’entendis des cris et un tumulte, et je vis un grand nombre de furieux qui s’acharnaient sur un pauvre homme à barbe blanche, qu’ils avaient renversé à terre et frappaient des pieds et des poings.

— Qu’a-t-il donc fait ? demandai-je.

— Il n’a rien fait, me répondit-on ; c’est un prêtre barbare, nous l’allons tuer et couper en morceaux.

Je ne pus supporter de voir traiter ainsi un vieillard, je me fis faire place en distribuant quelques coups de fouet, et je m’approchai du malheureux.

— Vite, lui dis-je, saute en croupe et tiens-toi bien.

Malgré ses blessures et son âge, la peur le rendit leste et il fut en un clin-d’œil à cheval ; je cinglai vigoureusement la bête qui renversa quelques personnes, mais fila au grand galop.

Je reconduisis le pauvre prêtre ici, à Nan-Kin, et je le mis sous la protection de l’autorité.

— Mon fils, me dit le barbare au moment où j’allais le quitter, je mourrai peut-être des blessures que j’ai reçues, mais vous m’avez sauvé d’une mort plus cruelle, je ne l’oublierai pas. Informez-vous