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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

porairement, pour trois cents liangs d’or, à quelqu’un de ma famille ou de mes amis, à la condition qu’on me le restituerait par testament.

— Tu ne l’estimes certes pas le prix qu’il vaut, dit un des convives, qui s’attira, par cette réflexion, un regard courroucé de San-Ko-Tcheou.

— Si tu me donnes le temps d’amasser trois cents liangs, je te l’achète, dit un autre. Au bout de l’année, j’aurai regagné deux fois cette somme, et je pourrai m’acheter une maison aux champs.

— Moi, je ne voudrais pas de ce manteau, dit Pen-Kouen, j’aime trop à bien dîner et à me parer de riches habits. »

L’avare s’était abîmé dans des calculs.

— « Trois cents liangs ! se disait-il. Nous dépensons cela en deux ans, grâce à la cherté des vivres ; donc, en deux ans, j’aurais regagné le prix du manteau, et, la troisième année, je commencerais à avoir du bénéfice ; ce serait, en somme, une bonne affaire ; mais Fleur-de-Roseau et Koo-li voudront peut-être manger, ce qui gâterait tout. »

Les convives, et Cœur-de-Rubis surtout, suivaient du coin de l’œil la méditation de San-Ko-Tcheou.