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ISOLINE

côté de la cheminée, Gilbert plongé dans une sorte de torpeur, Marie respectant cette rêverie et tricotant avec activité.

Le silence fut rompu par un aboi joyeux qui retentit au dehors et presque aussitôt un grand chien bondit dans la cabane. Il fut suivi bientôt par une jeune fille, qui entra impétueusement et posa un pot à lait sur la table.

— « Voilà la laitière ! cria-t-elle, elle veut être payée comptant. »

Et elle se jeta au cou de la paysanne avec tant de vivacité, qu’elle faillit la renverser.

— « Mais tu m’étrangles ! ma chérie, » dit Marie, de sa voix douce.

Gilbert s’était levé et regardait de tous ses yeux cette jeune personne entrée comme un coup de vent. Il la trouvait si charmante, qu’il se croyait abusé par le demi-jour de la cabane. Elle était vêtue en paysanne, mais avec beaucoup de recherche ; sa coiffe était brodée et garnie de dentelles, et elle avait aux mains des gants de Suède sans boutons.

Le chien, un grand terre-neuve noir, gronda contre Gilbert.