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ISOLINE

— « Qui donc est là dans ta cheminée ? » dit la jeune fille en se retournant avec un cri.

Et elle darda sur lui un regard plein d’une sorte d’insolence méprisante.

Elle avait ces yeux étranges, bleu clair, bordés de longs cils noirs, assez fréquents chez les Bretons et qui sont d’un effet magique, lorsqu’ils s’ouvrent dans un beau visage.

— « As-tu peur d’un marin ? dit Marie. C’est le lieutenant Hamon, avec qui mon frère a navigué longtemps.

— Ah ! je sais ; tu m’as souvent parlé de lui. »

Elle fit un pas vers le jeune homme et lui tendit la main.

— « Bonjour, Monsieur, » lui dit-elle d’un air très grave.

Gilbert serra avec un trouble bizarre cette main gantée, qui lui répondit par une pression franche et forte.

Puis ils ne se dirent plus rien. Elle avait baissé les yeux ; mais, contrariée par ce silence gênant, elle fronça les sourcils, jeta un adieu brusque et s’enfuit.

— « Marie, Marie, je crois rêver : quelle est cette