tique sale et laide. La robe jaune était belle, presque neuve ; le marchand en demanda deux onces d’or, qui lui furent données sans objections, et Sang-Yong rentra chez lui fort satisfait.
Le soir même, à la lueur de quinze lanternes, quatre ou cinq glaces bien fourbies lui montrèrent l’image éclatante de la robe de satin jaune où le Dragon à cinq griffes apparaissait brodé en rouge sur la poitrine ; et la petite personne rondelette du libraire, avec sa face à triple menton, vermillonnée par la bonne chère et l’abus du vin de riz, faisait un divertissant contraste à ce pompeux habillement. San-Yong, extasié, rayonnant, marchait dans sa chambre avec dignité ; il faisait frissonner et grincer son costume, qui, saisissant dans ses plis lisses les mille lueurs des lanternes, les réverbérait en rayons jaunes ; il disait :
— « Je suis très bien, je suis un mandarin. » Il regardait sa propre image dans les quatre ou cinq miroirs, et ajoutait gravement :
— « Voici d’autres mandarins, non moins beaux que moi-même, qui viennent me visiter ; faisons-leur accueil selon les rites consacrés. »
Alors, se dirigeant tour à tour vers chaque miroir,