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ISOLINE

et aussi tard que la jeune fille veillât ils ne s’éteignaient pas.

Un matin, au jour, le baron repartait.

Isoline, qui jusqu’alors s’était confinée dans l’aile du château qu’elle habitait, commença à ouvrir curieusement des portes dont elle ne s’était jamais souciée, visita sa prison, alla à la découverte.

Elle vit de grands salons en enfilade, sobrement meublés, obscurcis par les volets clos ; elle en repliait un pour mieux voir et souvent la lumière, tombant sur un portrait d’homme de guerre, lui faisait pousser un cri. Au premier, de longs couloirs, des chambres plus ou moins élégantes, celle du baron fermée et où elle essayait de voir par le trou de la serrure.

En face de l’escalier, sur le large palier d’arrivée, se dressait une porte haute en noyer sculpté, rehaussé de dorure, qui lui semblait très imposante. La jeune fille l’ouvrit un jour non sans émotion ; elle entra dans une pièce carrée, ayant des divans tout à l’entour, un tapis sur le sol, et garnie du haut en bas de livres reliés.

À partir de ce jour la cabane des Damont la vit moins souvent : Isoline découvrait le monde. Elle