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ISOLINE

Elle baissa la voix.

— Je voudrais les revoir une dernière fois, les léguer à quelqu’un, comme si toutes ces fleurs étaient à moi.

— Attends au moins que je sois sous terre, mauvaise, pour reparler de ces vilaines choses, s’écria Marie qui comprit la pensée d’Isoline ; ça ne sera pas long d’ailleurs, car tu me pousses vers l’autre monde par tes cruautés. »

La jeune fille lui sauta au cou.

— « Tais-toi, dit-elle, tu vois bien que je suis très gaie. J’entends Damont qui amarre son bateau : allons le rejoindre et nous envoler sur l’eau. »

Et se tournant vers Gilbert :

— « Venez-vous ? »

Elle lui tendit la main et l’entraîna dehors.

Marie, de la porte, avec un sourire attendri, les regarda s’éloigner.

— « Si elle pouvait l’aimer cependant ! » murmura-t-elle.

Damont, qui, assis dans son bateau, débrouillait des lignes de fond, resta muet d’étonnement lorsqu’en levant la tête, il vit les jeunes gens debout devant lui la main dans la main, comme de vieux amis