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Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/122

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L’ORIENT.

sa beauté, en profanant d’un regard infidèle des charmes si bien défendus ; mais l’artiste et le voyageur ont leurs privilèges, et ma conscience fut bientôt rassurée.

Il y avait aussi, sur notre bateau, une famille anglaise venant de Calcutta, et suivie de deux domestiques indiens, mâle et femelle, du type le plus curieux. L’Indien, coiffé d’un turban rouge, dont les plis réguliers étaient maintenus par des épingles, le corps serré dans une tunique blanche, étroite des épaules, avec ses yeux d’argent bruni, son sourire blanc dans une barbe légère et crêpée, son teint chocolat et sa nuque bistrée, faisait paraître septentrionaux et presque Parisiens les Turcs et les Levantins accroupis sur le pont. Il allait et venait, déployant une activité silencieuse, pour prévenir les besoins de ses maîtres, se glissant partout, léger et muet comme un fantôme.

L’Indienne, attachée au service spécial de lady, était très-fauve et très-bronzée, de teint presque noir, mais d’un noir différent de celui des nègres. Son service fini, elle venait