Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
L’ORIENT.

beau doit venir en pèlerinage du fond de sa terre barbare. Sur cette étroite plate-forme, le génie humain brûla comme un pur encens, et les dieux durent copier la forme inventée par l’homme.

Les noms de Périclès, de Phidias, d’Ictinus, d’Alcibiade, d’Aspasie, d’Aristophane, d’Eschyle, tous mes souvenirs de collége me bourdonnaient sur les lèvres comme un essaim doré des abeilles de l’Hymette voisin, lorsqu’un Grec, en costume de palikare, me tira par la manche et me demanda la clef de ma malle, qu’il visita, du reste, avec une négligence tout athénienne. Ô vicissitude des temps ! ô splendeurs évanouies ! ô poésies disparues ! Un douanier sur le rivage où Thésée posa le pied en revenant vainqueur de l’île de Crète ! Rien n’est plus simple, pourtant ! Mais, dans ces pays classiques, le passé est si vivace, qu’il permet à peine au présent de subsister.

Une émeute de calèches démantelées, de berlingots séculaires, de berlines invalides attelées d’haridelles efflanquées, se dispu-