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SYRIE.

tenter les plus difficiles amateurs de couleur locale ; mais il fallait l’aller prendre sur place ou tout au moins l’attendre à Marseille à la descente du paquebot. La crainte que Zeynab, une fois à Paris, n’eût la fantaisie de s’affubler d’un chapeau à plumes, d’une robe à volants et d’un châle traînant sur le talon de sa bottine, nous empêcha d’accepter le présent de notre ami. — Cependant quel effet eût produit aux premières représentations une Javanaise jaune d’or, cheveux couleur d’acajou !

Mais ce n’est pas pour revenir sur cette partie du voyage de Gérard que nous écrivons ces pages. Dans ce livre, qui est un chef-d’œuvre, il y a un séjour au Liban auquel les événements de Syrie[1] donnent un intérêt tout actuel et qui montre avec quelle sagacité ce rêveur, insouciant en apparence, avait observé les hommes et les choses. Après avoir confié Zeynab aux soins de madame Cartès, une maîtresse de pension marseillaise, dont la classe réunissait les religions

  1. Écrit en 1860.