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L’ORIENT.

étudier de près Druses et Maronites, notre voyageur résolut de mettre à profit la connaissance qu’il avait faite d’un émir du Liban pour aller visiter sous sa conduite le village mixte de Bethmarie. Il loua un grand cheval blanc, maigre comme la monture de la Mort dans l’Apocalypse et dont l’épine dorsale ressemblait à une arête de poisson. Un jeune garçon, nommé Moussa, baragouinant L’italien d’une façon assez intelligible, l’accompagnait.

À quelque distance de la ville ont fit remarquer à notre ami la grotte d’où s’élança le dragon qui devait dévorer la fille du prince de Beyrouth et que Saint-Georges, le plus chevaleresque des saints, traversa d’un coup de lance ; prouesse admirée de tous, et même des Turcs qui ont bâti une petite mosquée sur l’emplacement même du combat.

De ce point l’on aperçoit Beyrouth, dont le promontoire s’avance à deux lieues dans l’azur de la mer, avec ses hauteurs couronnées de pins parasols et ses escaliers de jardins cultivés en terrasse. La vallée qui sépare les deux chaînes de montagnes s’étend lavée