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SYRIE.

y avaient mis le feu ; les invités avaient à peine eu le temps de fuir. Les Druses étaient des habitants de Bethmarie même, et leur quartier n’était séparé de la partie maronite du village que par un intervalle vide de deux cents pas, où les Turcs intervenus avaient établi un camp d’Albanais qui vivaient aux dépens des victimes et des oppresseurs avec la plus flegmatique impartialité, après avoir retiré les armes — à qui ? aux Druses, coupables d’attaque nocturne et d’incendie, allez-vous dire, — non pas ; mais bien aux Maronites assommés et brûlés. — Vous voyez bien que le système suivi ne date pas d’hier.

Gérard fut invité à prendre le café chez le moudhir (gouverneur turc). Ce gouverneur prétendait que toutes ces dissensions provenaient de ce que les Druses ne voulaient pas verser l’impôt entre les mains des cheicks maronites, et réciproquement ; mais qu’après tout, ces gens étaient fort tranquilles, et que l’étranger pouvait circuler par tout le pays, sans être obligé, comme autrefois, de prendre