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L’ORIENT.

des douves de 15 à 20 mètres de large et une muraille à plan incliné en granit, où s’ouvrent de distance en distance des portes colossales en cèdres garnies de ferrures d’airain ; des ponts de bois jetés sur des assises de maçonnerie y conduisent. Aucune boutique ne déshonore l’aristocratie de ce quartier annulaire qu’entoure, comme une ceinture de seize milles de circonférence, la ville ouvrière et marchande arrondie en large cordon. Toutes les maisons, bâties sur un plan réglementaire, n’offrent par conséquent qu’un aspect assez monotone. Elles consistent en un seul étage élevé sur un soubassement de granit, coiffé d’un toit de tuiles brunes, et présentent à la rue un mur peint en gris, percé de petites fenêtres que ferment des jalousies ou des treillages de bambous. Les clous des portes ont, comme nous l’avons dit, une signification hiérarchique ; ils indiquent un rang plus ou moins élevé, selon leur métal ou leur dorure. Les rues sont coupées de barrières qui se ferment comme des sortes d’écluses pour retenir le torrent de la circu-