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ACROBATES ET SALTIMBANQUES ORIENTAUX.

Alors un jeune garçon de neuf ou dix ans, le petit All Right, ainsi nommé parce qu’en faisant des exercices périlleux il lance de temps en temps ces deux mots anglais, les seuls qu’il sache, avec une intonation stridente qui rappelle le petit cri dont Auriol accompagnait ses tours, s’avance, salue et se met à grimper, plus souple et plus leste qu’un singe, après l’une des branches du gigantesque éventail ; arrivé au sommet, il s’assoit, se couche, prend des poses impossibles, se pend par le pied ou par la main, passe comme un serpent à travers les barreaux de la plate-forme que l’acropedestrian maintient en équilibre par d’imperceptibles déplacements de pieds, puis il redescend et crie au milieu d’un tonnerre d’applaudissements : All right (tout est bien).

All Right a une jolie petite figure toute ronde, éveillée par deux yeux de diamants noirs, et les deux tours qu’il exécute, comme en se jouant, ne semblent lui causer aucune fatigue. Sur son front brun, pas une perle de sueur.