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L’INDE.

pût se faire une idée complète de son empire oriental. Elle a aussi transporté la population sous forme de petites maquettes de terre coloriée, modelées par les habitants eux-mêmes, qui font pénétrer intimement dans la vie des différentes castes.

Nous avons lu souvent les Lettres sur l’Inde du prince S***, et feuilleté son magnifique album. Nous voyons, dans le Palais de Cristal, la réalité de ces merveilles, qui nous semblaient chimériques, malgré la sincérité évidente du dessin. Ce n’est pas seulement dans les mises en scène d’opéras féeriques que ces magnificences existent, et les poëtes de l’Orient, qui font à tout moment des métaphores dont s’effarouche l’économie occidentale, qui remuent les pierreries par monceaux et battent des omelettes de soleils dans le moindre ghazel, dans le plus mince pantoum, ne sont, avec toute leur joaillerie tant reprochée, que d’exacts faiseurs de procès-verbaux. L’hyperbole est tuée d’avance par l’éblouissant éclat du vrai.

Voici un éléphant qui s’offre à vos yeux,