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L’ORIENT.

un éléphant empaillé, il est vrai ; mais si vous voulez en avoir un vivant, vous n’avez qu’à aller au Zoological Garden, où vous monterez sur son dos pour un schelling. Sa peau rugueuse, fendillée comme de la vase sèche, disparaît à demi sous un riche caparaçon de velours rouge quadrillé et frangé d’or ; son front bombé est orné d’une ferronnière colossale, et de grosses houppes de soie pendent confusément de chaque côté parmi les plis de ses oreilles. Quelquefois ce frontail est orné d’énormes pierres fausses, émeraudes, rubis ou perles de verre, ou même de petits miroirs. Sur le dos de la bête s’élève une espèce d’estrade surmontée d’un pavillon soutenu par des colonnettes d’ivoire niellé de charmants dessins. Des coussins de brocart servent de siége au personnage qui se sert de ce mode de transport, prince indien ou employé de la Compagnie ; une place est ménagée derrière pour le domestique. Le cornac se tient assis sur le col du monstre, qu’il dirige à l’aide d’un crochet de fer. Le pavillon, en forme de dôme à double renflement,