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L’ORIENT.

tions pastorales qui vivent, libres et vagabondes, loin des villes, des villages et de toute agglomération humaine. Dans l’été les mirages du Sahara se reproduisent sur ces vagues espaces, et le voyageur s’imagine côtoyer des lacs, des oasis, qui se reculent et s’envolent lorsqu’on avance. — Parfois un sourd ouragan gronde au loin ; un tonnerre rhythmé bat le court gazon, c’est une horde de chevaux sauvages qui parcourent l’immensité les crins au vent, emportés par quelque caprice ou quelque terreur, — ou bien derrière une touffe de bruyères rit et pleure, accompagnant une chanson bizarre, le violon d’un bohémien.

Ce pays, étrange comme un rêve, est resserré entre la Theiss, la Koros, la Maros et le Danube ; M. Th. Valerio l’a visité et parcouru dans tous les sens, étudiant chaque race, au point de vue ethnographique, et tâchant de joindre à la couleur du peintre l’exactitude du naturaliste, d’après le conseil judicieux de M. de Humboldt, qui l’a engagé à faire ce travail anthropologique et pittores-