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L’ORIENT.

aucune souche connue. Faut-il y voir la condescendance de quelque tribu paria de l’Inde, poussée loin de sa patrie par cet irrésistible instinct de migration qui saisit les peuples comme les oiseaux à certaines époques climatériques, ou peut-être fuyant le mépris et l’oppression des castes supérieures ? Viendrait-elle d’Égypte, comme on le croyait vulgairement au moyen âge ? C’est ce que la science n’a pu encore décider, quoique les hypothèses plus ou moins ingénieuses aient été soutenues en divers sens. — Aucune civilisation n’a pu résorber ces hordes nomades qui flottent sur l’Europe comme une écume. — Comme les Bédouins, les Tsiganes de tout pays ont horreur des villes et semblent étouffer dans les maisons de pierre : ils campent sous les toiles de leurs chariots ou se terrent dans des trous, sous quelque touffe de broussaille, toujours à l’extrémité du village, au bout de quelque faubourg désert. Le bien-être et le confort n’ont aucune séduction pour leur sauvage indépendance, et partout, en Espagne, en Angleterre, en