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LE DANUBE.

parle très-bien français, et sa cordiale hospitalité envers les étrangers est connue ; il porte le costume du Nizam et un surtout bordé de fourrures.

Le derviche tourneur, avec son bonnet de feutre semblable à un pot de fleurs renversé, sa barbe argentée encadrant sa face d’un ton de brique, sa robe blanche et son manteau brun, a bien ce caractère de kief extatique que donne aux moines de cette secte l’habitude de ces valses sans fin qui éblouissent et fascinent lorsqu’on les visite dans leurs tekkés aux jours de leurs pieuses chorégraphies.

Il est impossible de voir un costume plus riche et plus splendide que celui du cawas du prince de Servie ; l’étoffe disparaît sous les galons et les broderies, et nous n’y trouvons à reprendre que la cravate blanche, dont l’effet est médiocre parmi ce luxe oriental ; mais M. Valerio a dû la conserver comme trait de mœurs. — Cette cravate, c’est un commencement de civilisation. Le drôle a du reste la mine effrontée, cyniquement spirituelle, jovialement rouge, et l’impudence