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L’ORIENT.

laissait voir au flanc l’incision qui avait servi à retirer les entrailles et d’où s’échappait, comme le son d’une poupée décousue, une sciure de bois aromatique mêlée d’une résine en petits grains ayant l’air de colophane. Les bras amaigris s’allongeaient, et les mains osseuses, aux ongles dorés, simulaient avec une pudeur sépulcrale le geste de la Vénus de Médicis. Les pieds, légèrement crispés par la dessiccation des chairs et des nerfs, semblaient avoir été délicats et petits ; leurs ongles étaient, comme ceux des mains, couverts de petites feuilles d’or. Était-elle après tout jeune ou vieille, belle ou laide, cette Nes-Khons, fille d’Horus et de Rouaa, qualifiée dame par son épitaphe ? C’est à quoi il est difficile de répondre. Ce n’est plus guère qu’une peau enveloppant des os, et comment retrouver dans ces lignes sèches et raides les sveltes contours des femmes égyptiennes telles qu’on les voit peintes dans les temples, les palais et les tombeaux, et qu’Alma-Tadema les retrace de son pinceau archaïque ? Mais n’est-ce pas une chose étonnante et qui sem-