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ÉGYPTE.

très-soyeux, très-doux, séparés en boucles légères, ne dépassaient pas le bout de l’oreille et avaient cette couleur rousse si recherchée des Vénitiennes et que le caprice blasé de quelques élégantes a remis en faveur aujourd’hui. On eût dit des cheveux d’enfant teints de henné, comme on en voit en Algérie. Nous ne pensons pas que cette teinte, qui met Nes-Khons à la dernière mode, soit naturelle ; elle devait être brune comme les autres Égyptiennes, et ce ton auburn est produit sans doute par les essences et les parfums de l’embaumement. Cette teinte d’or rougi, nous la retrouvons sur deux têtes de femme exposées dans la vitrine, dont l’une, chose étrange, est coiffée exactement comme la Vénus de Milo, avec d’opulents bandeaux ondés, et dont l’autre porte une profusion de nattes enroulées formant casque, comme on les dispose maintenant.

Peu à peu le corps se révélait dans sa triste nudité. Le torse montrait sa peau rougeâtre où le contact de l’air faisait venir une fleur bleue semblable au chanci des tableaux et