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L’ORIENT.

C’était partout une activité qui ne s’accorde guère avec la traditionnelle nonchalance orientale.

Les premiers villages de fellahs qu’on rencontre à droite et à gauche du chemin vous causent une singulière impression. Ce sont des amas de cahutes en briques crues, reliées par de la boue, à toit plat, parfois surmontées d’une sorte de tourelle plâtrée de chaux pour les pigeons, et dont les murs en talus rappellent vaguement la forme d’un pylône égyptien tronqué. Une porte basse comme celle d’un tombeau, deux ou trois trous percés dans la muraille, voilà toutes les ouvertures de ces huttes, qui semblent plutôt l’ouvrage des termites que celui des hommes. Souvent la moitié du village, si l’on peut donner ce nom à de pareils tas de terre, s’est écroulé dissous par la pluie ou miné par l’inondation ; mais le mal n’est pas grand : avec quelques poignées de boue où l’on noie les décombres qui peuvent encore servir, la maison est bientôt rebâtie, et cinq ou six jours de soleil suffisent pour la sécher et la rendre habitable.