Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
LE FAYOUM, LE SINAÏ ET PÉTRA.

sable du désert, qui devient rose le matin et le soir, sous le premier et le dernier rayon du soleil, Aïn-Moussa, les cinq fontaines de Moïse, la seule eau potable de la péninsule Sinaïtique, et l’on s’enfonça dans l’immensité aride, traversant des espaces de poussière plus fine que le grès pilé, longeant le bord de la mer ou s’engageant dans ces longues vallées étroites que les Arabes appellent wadis, et qui ressemblent à des corridors creusés dans le roc par la violence des torrents d’hiver. Les montagnes de ce système, par une disposition zoologique assez rare, forment des chaînes parallèles qui se rapprochent et se renouent à l’une de leurs extrémités. La proximité les dépouille des voiles d’azur dont l’éloignement les revêtait. Elles prennent, quand on est tout près, des teintes extravagantes et hors de toute vraisemblance, de grandes veines de rouge intense, de jaune vif, de vert Véronèse, de violet d’évêque, de blanc d’argent qui n’est pas de la neige comme on pourrait le croire, zébrant bizarrement leurs flancs décharnés. Ces colorations étranges, qu’expli-