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LE NIL.

chemin formé de deux mille dévots couchés à plat ventre, en mémoire d’un miracle opéré par le santon Saad-Eddin, qui, pour confondre des incrédules, marcha avec sa monture sur des vases de verre sans les casser. — Nous abandonnons mille détails curieux et caractéristiques, qu’il serait trop long d’indiquer.

L’auteur visite le grand Sphinx de granit rose, dogue fidèle accroupi au pied des Pyramides qu’il garde depuis tant de siècles, sans se lasser de cette faction qui ne finit pas. Il admire sa face camarde et le large sourire épanoui sur ses lèvres épaisses comme une ironie éternelle de la fragilité des choses humaines ; ses oreilles, sur lesquelles retombent les gaufrures des bandelettes sacrées, et qui ont entendu, comme la chute d’un grain de sable, l’écroulement de tant de dynasties ! Les pharaons, les Éthiopiens, les Perses, les Lagides, les Romains, les chrétiens du Bas-Empire, les conquérants arabes, les fatimites, les mameluks, les Turcs, les Français, les Anglais, ont tous marché sur son ombre et se