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L’ORIENT.

le public que l’a fait M. Gustave Flaubert par son roman punique. Au lecteur qui voudrait peut-être du même, il verse un vin capiteux puisé à une autre amphore, et cela dans « une coupe d’argile rouge rehaussée de dessins noirs, » la coupe de la couleur locale enfin, à une époque où le sens du passé semble être perdu et où l’homme ne reconnaît l’homme que lorsqu’il est habillé à la dernière mode. Sans doute l’étude des réalités actuelles a son mérite, et l’auteur de Madame Bovary a montré qu’il savait aussi bien que pas un dégager du milieu contemporain des figures douées d’une vie intense. Les types qu’il a créés ont leur état civil sur les registres de l’art, comme des personnes ayant existé véritablement ; et rien ne lui était plus facile que d’ajouter à cette collection quelques photographies d’une exactitude non moins impitoyable. Mais n’est-ce pas un beau rêve et bien fait pour tenter un artiste que celui de s’isoler de son temps et de reconstruire à traders les siècles une civilisation évanouie, un monde disparu ? Quel plaisir,