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ACROBATES INDIENS.

courbe se creuse à peine sous son poids si léger, l’acrobate se livre à des exercices d’une difficulté inouïe ; il lui imprime un mouvement d’oscillation de plus en plus rapide, que les jambes suivent seules, agitées sous le torse maintenu impassible par un miracle d’équilibre. On ne saurait imaginer rien de plus souple, de plus moelleux, de plus élastique. Tout cela est fait avec un sérieux profond, une gravité sans égale, et l’on devine dans ces poses solennelles, dans ces démarches rhythmées, comme par un chœur invisible, dans ces génuflexions, tantôt sur un genou, tantôt sur l’autre, des souvenirs de rites très-anciens et de danses sacrées exécutées autrefois pendant les cérémonies religieuses à des époques si reculées que l’histoire n’y atteint pas.

Il était difficile de ne pas trouver quelque chose d’hiératique à cette procession à travers l’air d’un personnage qui semble échappé d’un bas-relief de la pagode souterraine d’Éléphanta ou des illustrations de l’Inde par le prince A. Soltykoff, si la première