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LES BAYADÈRES.

en réalité Devadasis (favorisées de Dieu). Cette dénomination leur vient d’une fable de la mythologie hindoue, qui a fait le sujet du Dieu et la Bayadère.

Cette poésie parfumée, qui n’existait pour nous qu’à l’état de rêve, comme toutes les poésies, on nous l’a apportée, à nous autres paresseux Parisiens qui ne pouvons quitter le ruisseau de la rue Saint-Honoré, et pour qui le monde finit à la banlieue. L’Inde, voyant bien que nous n’irions pas à elle, est venue à nous, comme le prophète qui prit le parti de marcher lui-même vers la montagne qui ne marchait pas vers lui. Car l’Inde, toute sauvage, toute lointaine qu’elle est, ne peut se passer de l’opinion de Paris. Il faut que Paris dise ce qu’il pense de ses devadasis ; l’Inde veut savoir quel effet produiraient, à côté des sœurs Elssler et des sœurs Noblet, Amani, Saoundiroun et Ramgoun, les danseuses prêtresses.

À défaut de l’Hoogly ou du Gange le fleuve sacré, les devadasis ont établi leur bungalow à quelques pas de la Seine, allée des