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L’ORIENT.

Quand la toile se lève, on aperçoit une sorte de décor oriental avec palmiers, bananiers, kiosques, portières rayées en travers, auquel nous eussions préféré une de ces cours ou patios arabes, avec leurs colonnettes de marbre, leurs arcades en cœur, et leurs deux étages de galeries semblables à des cloîtres dont les chambres d’habitation seraient les cellules, ayant pour plafond le ciel nocturne sur lequel se détachent comme de blancs spectres ou de pâles statues les femmes voilées debout au rebord des terrasses. C’est là qu’ont lieu les m’bitas, les conjurations de djinns et les séances d’aïssaouas. Les musiciens sont accroupis au fond de la cour. Les spectateurs se rangent sur les trois autres côtés. Les danseuses occupent le milieu du patio, et à terre sont posées, pour les éclairer, des veilleuses nageant dans l’huile, qui représentent à peu près la rampe de nos théâtres. Cette disposition est fort pittoresque, et l’on aurait dû la reproduire, puisqu’on voulait faire de la couleur locale. Tel qu’il est, le spectacle garde une assez haute saveur