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AÏSSAOUAS.

africaine et vaut la peine qu’on l’aille voir.

Le premier intermède de danse était accompagné de trois grosses caisses et de trois hautbois jouant en mode mineur une cantilène d’une mélancolie nostalgique, soutenue par un de ces rhythmes implacables qui finissent par s’emparer de vous et vous donner le vertige. On dirait une âme plaintive que la fatalité force à marcher d’un pas toujours égal vers une fin inconnue, mais qu’on pressent douloureuse. Bientôt une danseuse se leva de cet air accablé qu’ont les danseuses orientales, comme une morte qu’éveillerait une incantation magique, et par d’imperceptibles déplacements de pieds s’approcha de l’avant-scène ; une de ses compagnes se joignit à elle, et elles commencèrent, en s’animant peu à peu sous la pression de la mesure, ces torsions de hanches, ces ondulations de torse, ces balancements de bras agitant des mouchoirs de soie rayés d’or et cette pantomime langoureusement voluptueuse qui forment le fond de la danse des almées. Lever la jambe pour une pirouette ou un jeté-