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LES BAYADÈRES.

Les hommes sont d’une grande beauté ; ils ont des yeux noirs étincelants, des nez de coupe aquiline, de petites moustaches, et, pour tout vêtement, un pantalon retenu par une coulisse, comme les grègues turques ; leur coiffure consiste en un morceau d’étoffe rayée, gracieusement roulé autour de la tête ; au milieu du front reluit une petite lâche d’un jaune vif, et grande comme un pain à cacheter ; leur torse ressemble, pour la finesse et la pureté des formes, au danseur napolitain de Duret : c’est, du reste, la même couleur, un beau ton de bronze neuf uni et chaud. L’un d’eux, Ramalingam, porte une barbe blanche de l’effet le plus pittoresque sur sa figure noire ; on dirait un vieillard homérique, quoiqu’il prétende n’avoir que quarante-deux ans. Ramalingam a trois barres blanches au-dessus des yeux, trois autres sur le flanc, ainsi que sur les bras : c’est le rapsode de la troupe ; c’est lui qui psalmodie le chant qu’exécutent Saoundiroun et Ramgoun, à peu près comme dans ces jeux antiques, où un acteur récitait les paroles