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POÉSIE PERSANE.

réputation de former de bons élèves. Kèyam s’y lia particulièrement avec Abdul-Kassem et Hassan-Sebbah, dont les caractères paraissaient ne pas s’accorder avec le sien ; mais les contrastes rapprochent et forment les solides amitiés. Un jour il leur demanda s’ils trouveraient puéril de conclure une sorte de pacte en vertu duquel celui des trois amis qui le premier arriverait à la fortune viendrait en aide aux deux autres. Son projet fut adopté avec enthousiasme, et les trois jeunes gens, piqués d’une généreuse émulation, redoublèrent d’ardeur dans leurs travaux et se mirent rapidement en état d’atteindre aux positions les plus élevées.

Kèyam, rêveur et mystique de nature, s’adonnait à la contemplation et inclinait vers la doctrine des soufis ; mais, en même temps que la poésie, il étudiait l’astronomie et l’algèbre, où il fit de rapides progrès. Doué d’un sens plus pratique, Abdul-Kassem apprenait l’histoire, les rouages de l’administration et les secrets de la politique ; il avait l’ambition de devenir un grand homme d’État. Hassan-