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LA PERSE.

le retour à la ville fut brûlant. Avec quel plaisir entrâmes-nous dans le bazar aux rues étroites, aux passages couverts de planches dont les interstices laissent filtrer quelques rares paillettes de lumière, aux couloirs bordés de petites boutiques, où sous une ombre diaphane scintillent les richesses de l’Orient !

Pour confirmer notre illusion, ce quartier de l’Exposition ressemble, à s’y méprendre, au bezestein de Constantinople. Rien n’y rappelle ce que nous désignons, nous autres Occidentaux pleins d’amour-propre, sous le nom de progrès. Des arcades de style arabe ou turc élégamment découpées, zébrées de couleurs et de dorures, historiées d’inscriptions, forment des magasins qu’on prendrait pour des palais des Mille et une Nuits. On s’y tromperait d’autant plus facilement qu’ils sont peuplés par des mannequins d’hommes et de femmes revêtus des costumes orientaux les plus riches et les plus pittoresques, opiniâtrement immobiles comme ces habitants des villes maudites pétrifiés au coup de ba-