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L’ORIENT.

tériel de l’écrivain. La plupart de ces coffrets sont d’un bois qui ressemble au thuya, quelques-uns en ivoire, d’autres en simple papier mâché ; mais la matière première importe peu : ce qui fait le mérite de l’objet, c’est le travail, d’une délicatesse vraiment inconcevable. L’ouvrier, après avoir tracé son dessin, bat un dinar qu’il aplatit en feuille mince et y découpe avec ses frêles outils les imperceptibles ornements dont il enjolive son œuvre. Il en agit de même pour les filigranes, les losanges, les disques d’argent ou de nacre qu’il enfonce dans le champ de la boîte ou la plaquette, et d’un pinceau aussi fin que les cils d’une houri il ajoute les couleurs. Jamais peuple ne poussa plus loin que les Persans l’art de l’ornementation. Leurs reliures, leurs manuscrits, sont des prodiges de calligraphie illustrée.

Il y a sur les marges de Firdouci, de Hafiz, de Ferideddin-Attar, de Saadi, leurs poëtes de prédilection, des motifs pour décorer vingt Alhambras. Leurs armes sont des joyaux et donnent l’envie d’être tué par de si char-