jours, tu m’as promis de me confier ton chagrin.
— Je voulais le faire depuis longtemps ; je ne sais quelle étrange pudeur m’a retenu ; il me semblait que ce sentiment si doux et si cruel que j’éprouvais pour la première fois, celle qui l’avait inspiré devait être la première à le connaître.
— Tu es amoureux, ami, je m’en doutais. Mais pourquoi souffres-tu par cet amour ?
— Celle que j’aime m’a sauvé la vie, je ne l’ai vue qu’une fois, elle se nomme Omiti ; c’est tout ce que je sais d’elle, dit le siogoun.
— Pauvre cher prince ! s’écria Nagato ; et tu n’as pas su la retrouver ?
— Hélas !
— Sais-tu à quelle classe elle appartient ?
— C’est une fille noble, dit Fidé-Yori ; son langage, sa mise me l’ont révélé. Mais fût-elle au rang des réprouvés, si jamais le ciel permet que je la retrouve, elle sera ma femme.
— Nous la chercherons ensemble, dit Nagato.
— Je la cherche en ce moment même au milieu de cette foule. Chaque bateau qui passe chargé de femmes fait battre mon cœur à coups précipités.
— Crois-tu donc qu’elle habite Osaka ? dit le prince de Nagato.