Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/23

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larmes en franchissant la porte dans son norimono porté par les gens du vainqueur.

— Jamais je ne rentrerai dans cette demeure ! s’écria-t-elle.

Tika pleurait aussi.

Lorsqu’on fut à une petite distance, Fatkoura fit arrêter les porteurs du palanquin et, penchée hors de la fenêtre, elle regarda une dernière fois la forteresse d’Hagui qui se découpait au faîte de la colline, en noir, sur le ciel rouge.

— Adieu ! adieu ! cria-t-elle, dernier refuge de mon espoir tenace. Derrière tes murs, château du bien-aimé, j’ai pu rêver encore un bonheur tardif et lointain, mais c’est fini, je suis vouée au désespoir ; la dernière lueur qui brillait pour moi s’éteint avec le jour qui fuit. On se remit en route et le château disparut. Le prince de Toza laissa la moitié de son armée sur le territoire de Nagato. Des messagers lui annonçaient que Figo n’avait pas pu rompre les lignes ennemies, mais qu’en apprenant la nouvelle du siège d’Hagui, Ivakoura s’était subitement éloigné pour marcher au secours de la forteresse. Il était parti la nuit sans bruit ; le matin on avait trouvé la plaine déserte. Figo allait le poursuivre, mais la victoire serait certaine si l’on pouvait barrer la route à l’ennemi et l’écraser entre deux armées.